Ma place et mon rôle pendant une séance d’art-thérapie

L’art-thérapie intrigue.

Souvent, quand je dis le métier que je fais, j’ai face à moi, 2 types de réactions :

  • ceux qui ne connaissent pas du tout
  • et ceux dont l’avis est déjà fait (dans le positif comme dans le négatif).

On m’a déjà dit « oh tu sais moi les thérapeutes » .. avec beaucoup de dédain dans la voix et l’air de dire « c’est de la merde en boîte, j’y toucherai pas ».

Je ne sais pas si je préfère la team qui ne connait pas du tout (et la sensation de devoir me battre pour touuuut expliquer bien pour convaincre) ou la team pas convaincu des « thérapeutes »…

Je suis d’accord. Il y a de tout sur le marché, on  se perd dans les offres, les noms des thérapeutes (psychologue, psychothérapeute, psychopraticien, etc).

Des thérapeutes pour nœuds au cerveau, des thérapeutes pour oreilles asymétriques, etc.

On pourrait en discuter dans un prochain article, on essayera de décortiquer tout ça ensemble.

Pour aujourd’hui, je vais juste parler de l’Art-thérapie et de ma place en séance (tu peux trouver les rapports de l’OMS sur Internet qui valide l’intérêt profond de l’AT dans le cadre d’une prise en charge).

 

Quand on imagine une séance d’art-thérapie, on visualise souvent une personne en train de peindre, de dessiner, de modeler… Mais on imagine moins l’art-thérapeute, sa posture, son rôle, sa manière d’être dans cet espace singulier.
Et pourtant, c’est un élément essentiel du processus thérapeutique.

Je suis art-thérapeute, bien-sûr que ...

…. les gens pensent que je passe la séance à dessiner.

Raté !

Cet article me permet de te montrer l’envers du décor.

L’autre côté du bureau.

Ma place d'art-thérapeute en séance.

Aujourd’hui, j’avais envie de vous partager comment je me positionne dans une séance, ce que je fais — et parfois ce que je ne fais pas — pour permettre un vrai cheminement intérieur.

Car l’art-thérapie n’est ni un cours de dessin, ni une performance artistique. C’est un espace de transformation douce, où la création devient un langage à part entière.

Un cadre sécurisant avant tout

Avant que quoi que ce soit n’émerge, je veille à instaurer un cadre sécurisé — au sens psychique, émotionnel et relationnel.

Ce cadre, c’est :

  • un lieu accueillant où chacun peut respirer ;

  • un temps délimité, qui ne ressemble à aucun autre dans la journée ;

  • des règles simples et bienveillantes : pas de jugement, pas d’attente de résultat, pas de pression artistique.

Ce cadre offre ce dont beaucoup manquent dans leur quotidien : la permission d’être soi, sans performance ni masque.

Présence : je suis là, vraiment là

Mon premier rôle est d’être présente, pas seulement physiquement, mais psychiquement.
Disponible. Réceptive. Ancrée.

Cela signifie :

  • écouter ce qui se dit… et ce qui ne se dit pas,

  • observer les gestes, les silences, les hésitations,

  • sentir le rythme intérieur de la personne.

Cette présence crée une confiance subtile : l’autre sent qu’il peut déposer, créer, s’exprimer sans crainte.
Je garde un œil attentif mais jamais intrusif, un peu comme une veilleuse qui éclaire sans éblouir.

Accompagner

Contrairement à un atelier artistique classique, je ne montre pas « comment faire ».
Je ne corrige pas.
Je n’interprète pas l’œuvre à la place de la personne. 

Mon rôle est d’ouvrir, jamais d’imposer.

J’oriente par :

  • des propositions créatives pensées pour ouvrir l’expression,

  • des supports choisis avec soin (couleurs, textures, outils),

  • des mots qui invitent à explorer, pas à performer.

Je marche à côté, pas devant.

 

Accueillir

Quand l’œuvre prend forme — quelle que soit sa forme — je suis là pour accueillir, jamais pour analyser à la place de la personne.

Je n’émet pas de verdict.
Je n’interprète pas « ce que ça veut dire ».

Je pose des questions ouvertes :

  • Qu’est-ce que tu vois ?

  • Qu’est-ce que ça te raconte ?

  • Comment ton corps se sent en regardant ce que tu as créé ?

  • Qu’est-ce qui t’a surpris dans ce processus ?

Ce sont ses mots, pas les miens, qui donnent sens à la création.
Ce sont ses découvertes, pas mes hypothèses, qui la font avancer.

Soutenir le processus émotionnel

Une séance d’art-thérapie peut ouvrir des portes profondes.
Des émotions enfouies remontent parfois : joie, colère, nostalgie, fatigue, excitation.

Je suis là pour :

  • contenir l’émotion si elle déborde ;

  • accompagner le mouvement intérieur ;

  • mettre du sens quand c’est juste ;

  • ralentir ou réancrer si nécessaire.

L’art devient alors un médiateur précieux, un pont entre la sensation et la parole.

Clore et raccompagner

La fin de séance est un moment tout aussi important.
Je veille à ce que la personne reparte :

  • avec une sensation d’intégration,

  • ancrée,

  • apaisée ou consciente de ce qui continue de bouger en elle.

Je propose parfois :

  • un mot de clôture,

  • un geste symbolique,

La séance se termine, mais le processus, lui, continue à vivre en soi.

En résumé : ma place est une présence qui ouvre, accompagne et soutient

Être art-thérapeute, c’est :

  • créer un cadre stable,

  • accueillir la personne telle qu’elle est,

  • laisser l’art faire son œuvre,

  • être un soutien discret mais solide,

  • offrir un espace où l’on peut se retrouver, se surprendre, se transformer.

C’est un métier de subtilité, d’écoute profonde, de respect radical de la créativité et de la singularité de chacun.

Et chaque séance reste pour moi un espace précieux, où je mesure la force de l’art, du symbolique et du geste créateur dans nos chemins de vie.

Deborah

2 réflexions sur “Ma place et mon rôle pendant une séance d’art-thérapie”

  1. Cet article est très instructif Deborah! Merci d’avoir pris le temps d expliquer les différentes postures de l art-thérapeute. L approche de cette thérapie est tellement douce et respectueuse de la personne accompagnée 💓
    Tu me semble parfaite dans ce rôle d’écoute, d’apaisement, d’accompagnement!

    1. Merci pour ton retour Emmanuelle 🙂 Cet article éclaire de nombreuses personnes qui s’interroge sur l’art-thérapie et surtout … ce que nous, art-thérapeute on y fait vraiment ahah

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