Violences intrafamiliales et théâtre forum.

Pour revenir à la génèse du pourquoi je suis montée sur scène ce jeudi 13 novembre 2025, il faut que je vous raconte quelque chose …

J’ai intégré la CPTS du Pays Bigouden à mon arrivée à Pont-l’Abbé en juin 2024 (j’ai commencé avec l’assemblée générale), direct dans le grand bain, complètement larguée au milieu de tous ces professionnels de la santé.

Quand tu arrives tu ne connais évidement personne, donc c’est super challengeant de se retrouver au milieu d’autant de monde. Je ne voudrais pas dire de bêtises, mis il y avait facilement 150 personnes.

Les animateurs de la soirée donnent le ton, je sens que l’ambiance est bonne et je sens la volonté de changer les choses pour être au plus juste dans l’accompagnement des personnes.

…

Ce qui nous amène à quelques mois plus tard, je m’inscris enfin au groupe « Parentalité », car c’est un sujet qui me passionne et qui raisonne avec le public que j’accueille au cabinet/atelier.

Sauf que, j’ai pris le train en cours de route et j’ai assisté à une seule réunion, en septembre 2025.

Tout au long de cette réunion on revient sur des situations qui ont été sélectionnées par le groupe en vu de cette soirée sur les violences intrafamiliales. 

Ces situations sont des moments vécus par des professionnels et pendant lesquels ils ont pu se trouver en difficulté. 

Je parle peu pendant cette réunion, j’essaye de tout retenir. Je ne me sens pas toujours légitime à faire partie de la CPTS, sous ma casquette d’art-thérapeute, mais le sujet m’intéresse beaucoup.

A un moment donné, on nous demande qui veut monter sur scène pour le théâtre-forum. 

Je me retrouve à me proposer … mais quelle idée j’ai eu !

Les jours avant la soirée, mon sentiment d’illégitimité se renforce, je panique (un peu) et je regrette (beaucoup) de me rendre disponible pour cette soirée.

Spoiler alert : j’ai adoré !

Jeudi 13 novembre, on se donne RDV à 14h avec Frédérique et Cyprien (de la troupe Attelage) qui vont nous accompagner pour le montage de ce théâtre forum. Je suis très vite rejointe par les autres comédiennes d’un soir 🙂

Après un ice breaker rebondissant, nous nous divisons en 2 groupes afin de « réviser » notre scène. 

Notre scène est la suivante :

Nous sommes des professionnels de crèche, nous accueillons un petit garçons de 18 mois, la maman présente des marques dans le cou, le petit garçon est très réservé, le papa a déjà montré des signes d’agressivité sur une de nos collègues un soir au moment de récupérer son fils. Et moi, j’ai vu quelque chose d’inquiétant une fois, mais je n’en parle qu’à la fin de la journée, un vendredi soir à 18h30 alors que mes collègues ne pensent qu’à leur week-end. L’information préoccupante est questionnée.

Tout au long de notre représentation, nous exposons les différents éléments devant le public. A l’issue de cette scène, le public est invité à réagir : qu’en pensez-vous, qu’auriez-vous fait ? etc.

Les différents « acteurs » ressources présents ce soir-là, sont aussi amené à apporter leur expertise. Des gendarmes de la M2PF sont présents et nous offrent leur éclairage sur les réalités du terrain. 

La gendarmerie du Guilvinec est aussi représentée ce soir.

Une avocate, spécialisée en Droit des Familles, l’association Contre Vents et Marée.

Et d’autres personnes ressources qui ont pu intervenir oralement, mais je n’ai pas réussi à retenir tout le monde, je m’en excuse.

Le public pose ses questions, rebondis sur des éléments de notre scène. C’est un échange très vivant et j’apprécie beaucoup l’exercice. 

On rejoue certains moments de la scène avec des pistes apportées par le public. On verbalise des sensations, des interrogations …

Et finalement, progressivement, je fais le lien art-thérapie-théâtre. La place du corps dans l’art-thérapie. Ce nouveau sujet vient titiller mon cerveau. Je vais devoir le regarder de plus près.

On passe ensuite à la seconde scène :

Une orthophoniste en libérale, en pleine scène avec une enfant de 10 ans, qui en travaillant sur les cartes émotions, commence à parler de son père souvent en colère, et verbalise sa peur régulière. 

La professionnelle est en libéral, elle cherche du soutien auprès du médecin généraliste qui suit cette petite fille. Le médecin appuie clairement sur l’importance de prévenir le procureur de la république, mais délègue complètement et laisse l’orthophoniste seule dans cette démarche.

L’orthophoniste, en libéral, ne bénéficie pas de protection, et comme le dit si bien, un des gendarmes présents ce soir là : elle n’aura pas de protection tant qu’elle ne sera pas elle-même victime.

La victime dans cette scène est l’enfant, et non la professionnelle.

Le décorticage continu, il y a de nombreuses interrogations de la part du public, à juste titre il y a aussi de la peur pour sa propre sécurité.

Le public soulève aussi une autre vérité : le manque d’information une fois qu’une IP (information préoccupante) a été lancée. Le professionnel n’est pas tenu au courant des suites. Et les temps de prise en charge peuvent être étalés sur plusieurs mois. 

Il y aurait encore beaucoup à en dire, et cette soirée était riche en enseignement, en partage et en connexion(s) aussi.

Merci à l’Attelage d’avoir permis et animer cette soirée !

Merci à Solène de la CPTS de nous avoir fait les yeux doux pour nous inscrire en tant que « comédiennes », nous avons pu briller quelques minutes et ouvrir cet espace d’échange tellement utile. 

Personnellement je me suis sentie portée tout au long de cette expérience et je suis ravie d’avoir eu l’opportunité de vivre cet événement. 

Quelques ressources (à garnir en commentaires, n’hésitez pas) :

CPTS du Pays Bigouden

La CRIP, qu’est-ce que c’est ?

Contre Vents et Marées 

Rappel des numéros utiles en France

Une information préoccupante