Interventions Maison d'Arrêt// juin 2025
Gros plan sur des petits symboles qui veulent dire beaucoup.
Depuis 2023 j’interviens en Maison d’Arrêt et à chaque fois je suis épatée par la facilité de certains détenus à s’exprimer par le biais de l’art.
Au cours des séances je varie les médiums, oscillant entre le collage, le dessin, la peinture et l’écriture.
Depuis quelques années, je développe encore ma compétence pour l’écriture et j’aime énormément l’ajouter lors de mes ateliers Papo’thé, mes retraites créatives ou aussi ici dans ce cadre très spécifique.
Je trouve ça FOU, quand certains détenus (ça n’est que des hommes), arrivent à s’emparer aussi rapidement de ce que je propose (j’aurais voulu dire facilement, mais certains ont besoin de 10min en début de séance pour avoir le temps de saisir, appréhender ma proposition ou de se sentir bien au sein du groupe, assez pour se livrer symboliquement).
C’est tellement poétique parfois. Je me prends des claques de beauté et de poésie.
Et s’il n’y avait pas ce contexte très particulier, je crois bien qu’on verserait quelques larmes tous ensemble.
Car souvent, quelque chose est posé sur le papier.
Une image, un symbole… mais l’auteur n’en a pas encore conscience. Alors on décortique un peu, j’interroge… et je vois des têtes approuver, des yeux briller, des gorges se serrer, des sourires se dessiner.
Pour celui qui représente les escaliers de son parcours et par une croix, se situe à l’instant T.
Pour celui qui raconte ce qui l’a conduit ici, par le biais d’une histoire d’ours et de jardin.
Pour celui qui a envie d’ailleurs, ne peint que du bleu.
Pour celui qui représente les montagnes et lui tout petit, au pied de celles-ci, prêt à les gravir.
Pour celui qui écrit un poème qu’il nomme » le phare soleil » : « le phare soleil c’est la liberté de mon coeur, quand il s’allume c’est que je suis content, mais en ce moment il est éteint car je suis en prison et malheureux. Un jour il se rallumera quand je serais libre…. vivement la liberté pour que je l’éclaire ma route ».
Pour ceux qui rêvent.
Pour ceux qui espèrent.
Et pour ces silences aussi.. j’écrirai bientôt sur le silence en prison.


